Le Corps
Je voudrais vous parler d'un sujet, d'un mystère encore trop souvent voilé qui commence comme une devinette :
Mon premier est une chose qu'il faut avoir pour vivre, et pourtant peu d'entre nous s'en préoccupe.
A peine en possède-t-on un, que l'on en cherche un deuxième pour le faire câliner.
Avec une seule partie, on en crée un troisième qui est parfois une véritable copie.
A l'origine il est issu d'une rencontre entre un petit serpent et une fine membrane ronde comme une planète.
De ce mariage improbable naît l'effervescence rythmée de ses clones multipliés. D'un mouvement spiralé il se déploie sang, os et chair rosée.
Tel un pétale délicat le voilà prêt à bouger, bien qu'encore engoncé dans sa coque de noix. Vous ne le voyez pas et pourtant déjà il se débat.
Au moment fatidique de son apparition il sait très bien retenir votre attention, une jambe, un bras, le voici-le voilà !
Poudré, parfumé, crémé ou huilé, mat ou brillant, noir, blanc ou métissé, chaud ou glacé : il vous fait fondre et vous met dans tous vos états.
Le comprendre est une science antique, une tendresse qui s'apprend seulement ici bas.
De sa douceur, de sa rudesse en un coup d'œil vous vous imaginez son état... étrange reflexe que celui de s'occuper plus de celui du voisin que du sien!
Parfois il se recroqueville parce qu'il est bleu et triste ou bien parcheminé et qu'il a trop marché.
Techniquement il est une œuvre d'art que l'on soit fille ou garçon, et ce qui frappe c'est sa capacité d'adaptation : fort ou faible, complet ou soustrait de sa totalité, il
déploie toutes ses habiletés dans les sports et les arts dont il est si friand.
Assis, couché ou bien debout, il se gonfle et se dégonfle à volonté, encore faut-il ne pas en abuser car Il est fragile et vulnérable comme une goutte de rosée et si vous savez lui parler, il vous racontera une vie : la vôtre mais aussi celle de toute l'humanité, de cette chaîne de continuité qui vous lie à l'origine.
Alors, vous avez trouvé le grand vainqueur de tous les règnes, formé à partir de tous les éléments et agencé en la partie visible de Dieu? C'est le corps, ce grand oublié!
Renié et spolié par l'intellect -cet insoumis !-
Vous en recevez un quelques soient vos fautes car la Nature est bonne fille et l'on aimerait qu'en échange Elle soit moins appauvrie.
Voyez-vous c'est Elle qui habille un autre corps gigantesque, lui aussi arrondi....mais ça ne l'empêche pas de danser notre Terre, toute éprise du Soleil qui lui fait parfois perdre la tête.
Ah, que c'est bon d'être aimée!
Tactilement vôtre. Lila