L’âme avide
Elle n’a pas connu le respect, ce mot ne figure pas à son vocabulaire alors, pour compenser sa peine, elle
avale tout ce qu’elle pense qui la rendra belle.
De l’innocence elle a gardé l’envie irrépressible de nouveautés, sans s’y arrêter elle court et découvre en un engloutissement le sens de sa vie.
Aucun centre d’intérêt ne dure : sa tête est désespérément vide malgré tous ces efforts pour la remplir. Elle veut, aspire et désire sans distinction, par passion stérile de contrôler, de vérifier, de réussir à capter ce « quelque chose » qui sans cesse semble lui échapper.
Puisque son but est d’absorber tout ce qui se trouve sur sa route, à seule fin d’exister : elle se met en recherche de ce qui est à la mode ou ce qui le deviendra. Elle ne peut s’arrêter, pas même pour respirer.
La voilà qui retourne les champs et les rivières, les racines et les mers pour mieux trouver la panacée, la perle rare qui la rendra unique et qui la remplira de gloire, ou bien d’argent ?
Que sais-je moi, de cette âme-là, je ne fréquente pas beaucoup ces gens !
De ses désirs, de ses inspirs je ne vois que les résultats défaillants, ravageurs émois qui tantôt lui fait croire qu’elle connaît tout le Ciel, et tantôt lui fait dire que l’Océan est déjà vide de poissons et d’horizons.
L’âme avide pense par la bouche, qu’elle a très grande, soit dit en passant. Son appétit décourage Gargantua qui s’est lui-même déclassé, dépité, hors concours !
Gourmande et remuante, l’âme avide continue de s’empiffrer de nouvelles, quelque soit leur état, il les lui faut, et sans compter, elle déglutit et mâchouille sans se lasser des tonnes de choses qui lui plaisent.
Produire ? N’y pensez pas ! Plantez, créer ? Vous êtes fou ou quoi ? On vous dit qu’elle n’aime rien d’autre que goûter la première au futur, être au top, faire sa loi mais sans rien produire, ni créer, ni planter ! D’ailleurs, les seules graines que contiendrait son cœur sont l’orgueil, la nausée et l’esprit blasé. Mieux vaut qu’elle s’abstienne d’enfanter car de fait, il nous faudrait supporter plus que nos pauvres ailes ne pourraient surmonter !
Maintenant que j’ai fais son portrait vous la reconnaîtrez dans la publicité, l’industrie ou la science, elle se cache dans la hi-technology ou les métiers de la beauté. En réalité, elle est partout où cela peut lui rapporter gros, énorme, gigantesque.
Pourquoi partager si l’on peut engloutir en entier ? Lila