La Liberté d’expression a –t-elle des limites ?
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Le Principe de Liberté est en lui-même une proposition d’illimité, d’horizon infini.
Cependant, lorsqu’il s’agit de la vie en société, sachant que tout le monde ne partage pas les mêmes opinions, les mêmes croyances, ne reçoit pas la même éducation et ne possède pas le même genre de sensibilité, la Liberté est proposée dans un cadre que l’on nomme « législatif », c’est-à-dire une limite déterminée par des lois. Ces Lois, dans le contexte démocratique sont écrites par les représentants du peuple, les Elus : gouvernement, députés et sénateurs avec l’aide d’experts dans les différents secteurs de la société réunis en « commissions parlementaires » ou en « groupes de travail ». Les religions n’y prennent pas part mais leurs représentants sont entendus lorsqu’ils en ressentent le besoin et que leur communauté se sent laissée pour compte ou humiliée.
La liberté d’expression est le résultat des différentes procédures démocratiques : on propose aux citoyens de s’exprimer selon des codes ancestraux : la politesse, le respect de l’autre, la sociabilité et l’adhésion à une tendance politique, à un syndicat ou à un groupe associatif permettent aux personnes d’exprimer leur opinion tout en étant « encadrée » dans leur expression.
Dans le cadre du Journalisme, il existe également des lois, assez strictes en France puisque les personnes sont protégées dans leurs choix privés et qu’elles peuvent à tout moment demander à la Justice de les aider à se faire respecter et à respecter leur image. D’ailleurs lorsque Charlie Hebdo a publié des dessins exprimant la désolation du Prophète Mahomet face à la bêtise humaine et à l’ignorance du message profond de l’Islam (qui signifie Paix), la grande Mosquée de Paris s’était plainte et un procès a eu lieu mais il n’a pas donné suite à une condamnation parce que les journalistes n’étaient coupables d’aucune infraction au code législatif.
Les musulmans se sentent choqués de la manière dont nous parlons de la religion car ils n’ont jamais connu la révolte contre le pouvoir religieux et que le respect de l’autorité est associé à la Toute-puissance de celui qui exerce l’autorité. En démocratie il n’existe aucune toute-puissance de l’autorité, nous nous sentons chacun responsable de notre comportement et nous n’envisageons pas que les élus ou les représentants religieux, ou même Dieu, dans son Absolue Bonté, vienne réclamer un pouvoir sur notre vie. Nous comprenons que l’Islam soit une religion coincée entre les premiers âges de sa création et le monde moderne : les us et coutumes du 6 éme siècle ne peuvent pas être appliquées au 21 éme siècle sans passer par une relecture des Saintes Ecritures. Cette remise à niveau de l’Islam est nécessaire aux générations nouvelles, afin de les stabiliser dans le monde moderne sans les dissocier de leurs racines et de leur lien au Sacré.
Aimer Dieu est un besoin de l’âme, certains aiment Dieu à travers le partage laïc, d’autres préfèrent se relier (religare en latin) par la religion. Dans une démocratie républicaine laïque, le choix de nos comportements est possible mais il reste à redéfinir les attitudes qui blessent nos sensibilités respectives. En tant que français de culture chrétienne ou laïque nous pouvons être choqués par les vêtements ou par l’agressivité et le manque de respect de l’autorité républicaine affichés par certains musulmans. Nous pouvons être choquées, en tant que femmes, d’être moins respectées lorsque nous nous habillons à la mode occidentale alors que nous sommes nées dans cette culture ; nous pouvons nous sentir offensés de bien des manières par les attitudes des musulmans à l’égard des français, des lieux publics et de notre démocratie. Nous pourrions l’exprimer par la montée des partis politiques nationalistes…ou par des montées de racismes vis-à-vis des gens qui ne nous respectent pas suffisamment selon notre sensibilité pourtant très tolérante et accueillante, liée depuis plusieurs siècles aux pays musulmans.
La population musulmane ne représente pas la France, la religion musulmane n’est qu’une religion parmi d’autres et non la plus ancienne, aussi, contrairement à l’ensemble des pays musulmans du Maghreb et du Moyen-Orient qui se sont unifiés et constitués à partir des structures religieuses de l’Islam, nos peuples occidentaux se sont toujours reposés sur des structures politiques même si celles-ci se sont appuyées sur des structures religieuses lorsque cela renforçait le pouvoir des monarchies. Nous n’accepterions jamais de suivre aveuglément un chef religieux - c’est impossible- cela ne fut jamais le cas même au plus fort des croisades, ni même lorsque certains de nos Rois se sont nommer eux-mêmes d'ascendance divine ( monarchie absolue) nous leur avons répondu quelques générations plus tard par la Révolution et l'Anti-clericalisme (refus de l'autorité monarchique et de l'autorité religieuse).
En démocratie la question religieuse n’est pas la chose la plus importante, cela fait partie de la « sphère intime », du choix personnel, donc cela n’est pas un sujet de discorde avec autrui puisque chacun sait en quoi il croit et n’a pas besoin de se sentir blessé par la manière dont les autres pensent leur chemin personnel. Nous vivons selon un autre usage : la politique. Ceux qui n’assument pas cette façon de vivre, ne font pas partie de notre communauté de pensée, et nous regrettons de ne pouvoir satisfaire leurs exigences, mais notre pays nous appartient, notre histoire vaut autant que celle des autres. La démocratie est notre manière de vivre, de penser et d’aimer. Nous ne sommes pas des mécréants, nous sommes des démocrates, j'espère que vous le comprendrez. Lila